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Le Koala Barbu

[Analyse Comics] Kingdom Come

[Analyse Comics] Kingdom Come

Kingdom Come est une série de quatre épisodes scénarisée par Mark Waid et dessinée par Alex Ross. Elle a été publiée en 1996 sous le label Elseworlds de DC Comics. En 2012, Urban Comics (détenteur des droits de DC Comics, en France) publie une édition intégrale regroupant les quatre chapitres originaux, ainsi que plusieurs pages bonus. Cette histoire se situe dans le futur de l’univers DC et décrit le destin de la Justice League alors que le monde change autours d’eux.

 

Synopsis (celui proposé par Urban Comics) :

Dans un futur possible, les super-héros d'antan ont été surclassés, puis remplacés par une nouvelle génération plus agressive, mais aussi plus amorale. Aussi, lorsque ces surhommes rayent accidentellement le Kansas de la carte des États-Unis, c'est au premier d'entre eux, Superman, de sortir de sa retraite et d'inculquer à cette nouvelle garde le goût pour la vérité et la justice. L'Homme d'Acier devra également combattre une association surprenante : celle de Lex Luthor, son pire ennemi, avec Batman, son ancien allié !

Critique :

Ce « comics » m’est apparu, tout du long, à l’image de son dessin. Au départ, n’étant pas habitué à ce style graphique réaliste et pictural, j’ai eu du mal à accrocher. L’histoire m’avait l’air intéressante, mais sans plus. Je m’y suis donc plongé pour passer le temps sans m’attendre à une quelconque jouissance intellectuelle. Je me suis bien trompé… ! Au fur et à mesure que les pages défilaient sous mes doigts, force fut de constater que je percevais de plus en plus la richesse et la beauté du dessin… pour finir par le trouver carrément sublime. En arrivant à la dernière page, j’en ai donc conclut que la composition des plans donne un effet dantesque et épique, voir biblique qui se marie parfaitement avec le propos.

Car oui, le fond n’a rien à envier à la forme. La beauté du dessin ne fait que souligner le travail sur le scénario, le traitement des personnages et les thèmes abordés. En effet, l’écriture de Kingdom Come est pertinente et brillante. L’histoire est prenante, bien ficelée et bien qu’un peu classique, assez efficace. Nous suivons un Superman, vieux et indécis, qui se pose des questions sur le bien-fondé de ses actes. Un superman inédit donc, qui est bien loin de ce super-héros caricatural sans peur, sans doute et représentant d'une justice infaillible. Nous assistons également à une Wonderwoman colérique et amère, prête à tout pour récupérer son trône parmi les amazones, quitte à rendre une justice sans concession, aucune. Une super-héroïne prête à donner la mort, prête à établir une dictature de la justice, sans aucune nuance possible. Puis bon, nous avons Batman, vieux certes, mais qui pète la classe. Fidèle à lui-même, malin et homme de l’ombre, notre bat-justicier à une place très importante dans son opposition à la justice league. Tout en nuance, défenseur d’une justice humaine, il est définitivement beaucoup trop stylé.

Si les personnages sont bien écrits, le scénario bien mené, l’argument principal de Kingdom Come reste la façon d’aborder ses thèmes. Le chaos généré par une nouvelle génération de super-héros décadents, l’opposition entre les « camps » de justiciers déchirés entre leurs devoirs divins et humains, les questions de libre arbitre, de justice, de contrôle … tout cela est traité intelligemment et avec brio.  C’est passionnant à suivre, et le pire, c’est qu’on ne peut se résoudre à choisir un camp : ils ont tous raison…  et tous tort. On ne peut pas laisser une horde de justicier se mettre sur la gueule et ignorer les dommages collatéraux. On ne peut pas laisser des super-héros « immoraux » rendre la justice… Mais on ne peut pas non plus laisser des « dieux » faire leurs lois et décider ce qui est bon ou non pour l’humanité, les laisser définir la justice à un niveau quasiment totalitaire. Les deux camps ont donc des cotés aliénants que l’on ne peut accepter. Nous, spectateurs humains, sommes donc profondément perdus dans ce qui est bien ou mal, sans avoir de réponses simples. Superman qui créé un « goulag » pour les méta-humains qui rendent la justice n’importe comment (à savoir sans regarder si des centaines d’innocents vont en mourir ou non), c’est bien ou mal ? Ne pas laisser les humains, bien qu’impuissants, décider d’une justice pour leur monde, c’est bien ou mal ? Le comics joue habilement avec les nerfs des lecteurs, en proposant des notions abordées avec une grande subtilité nous montrant la complexité de celles-ci.

Attention Spoiler (surlignez pour lire) :

Dans beaucoup d’œuvres de ce type, les questions sont posées mais aucune réponse n’est apportée… ce n’est pas le cas de Kingdom Come. L’une des plus grandes force de celui-ci est sa fin, qui propose une résolution à l’intrigue mais aussi une réponse aux questions du lecteur. En effet, à la fin Superman se rend compte, à travers le sacrifice de Shazam, que le meilleur moyen de rendre une justice ouverte et en accord avec le monde qui l’entoure, est d’écouter sa partie la plus humaine, le « man » dans le « superman ». Son erreur étant d’avoir été défenseur d’une morale  déconnectée de son humanité, d’avoir voulu contrôler comme un dieu le monde, pour son bien, au lieu de s’y être intégré en tant que surhomme. L’intrigue se finit donc sur un avenir, ou les super-héros marchent parmi les hommes, se faisant oreille attentive de l’humanité. Batman, justicier sans pouvoir, devenant le parrain du fils à venir  de Superman et Wonderman, est la consécration de ce propos.

 

Conclusion : Un chef d’œuvre 

[Analyse Comics] Kingdom Come
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